
Résumé:
Après 15 ans de silence, Albert
Cossery lance un dernier cri littéraire : "Les couleurs
de l'infamie". Cettefois-ci, le recit prend place dans
l'Egypte contemporaine, que Cossery décrit à
merveille. Nous retrouvons le héros cossérien,
lucide et maniant la dérision avec maestria : un
journaliste censuré et sans le sou, qui décide
d'habiter le mausolée de ses parents : "Après des
années de séparation d'avec ses parents, Karamallah
éprouvait le plaisir de se retrouver avec les siens,
mais sans les différends et les altercations qui
surgissent toujours dans toute réunion entre
vivants." Une partie du roman a donc lieu dans
la Cité des Morts du Caire qui, suite à la crise du
logement de cette ville tentaculaire, a été envahi
par les sans-logis. Un petit arrangement avec les morts qui
soulage tout le monde. Aux côtés de Karamallah, "
ce prophète de la dérision qui vivait dans un
cimetière " : Ossama, un jeune voleur plein d'avenir,
qui s'habille comme les riches pour mieux les voler, et Nimr,
son maître, qui penche plutôt pour la rapine
traditionnelle en guenilles. La rencontre de ses trois personnages
donne à Cossery l'occasion de nous délecter de
certaines pensées de haut vol, comme celle d'Ossama, qui
analyse le larcin en tant que vertu patriotique, se hissant
ainsi au rang de militant nationaliste : " J'ai le sentiment
que par mon activité je contribue à la
prospérité du pays, puisque je dépense
l'argent subtilisé aux riches dans divers commerces qui
sans moi et mes pareils iraient vers leur déclin. " Ajoutez à cela un promoteur
immobilier sans scrupules qui construit des "maisons
jetables" - qui s'effondrent sur leurs habitants faute de
béton -, et vous aurez un livre drôle et
croustillant comme sait les écrire Cossery.