
Résumé:
4ÈME DE COUVERTURE
« En 1932, avec
le Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand
Céline s'imposait d'emblée comme un des grands
novateurs de notre temps. Le Voyage était
traduit dans le monde entier et de nombreux
écrivains ont reconnu ce qu'ils devaient à
Céline, de Henry Miller à Marcel Aymé, de
Sartre à Jacques Perret, de Simenon à
Félicien Marceau.
D'un château
l'autre
pourrait s'intituler
«le bout de la nuit». Les châteaux dont
parle Céline sont en effet douloureux, agités
de spectres qui se nomment la Guerre, la Haine, la
Misère. Céline s'y montre trois fois
châtelain : à Sigmaringen en compagnie du
maréchal Pétain et de ses ministres ; au
Danemark où il demeure dix-huit mois dans un cachot,
puis quelques années dans une ferme
délabrée ; enfin à Meudon où sa
clientèle de médecin se réduit à
quelques pauvres, aussi miséreux que
lui.
Il s'agit pourtant d'un
roman autant que d'une confession, car Céline n'est
pas fait pour l'objectivité.
Avec un comique somptueux,
il décrit les Allemands affolés, l'Europe
entière leur retombant sur la tête, les
ministres de Vichy sans ministère, et le
Maréchal à la veille de la Haute
Cour.
D'un château
l'autre
doit être
considéré au même titre que le Voyage
au bout de la nuit et Mort à
crédit comme un des grands livres de
Céline auqel il donna du reste une suite
avec Nord (1960)
et Rigodon (1969). »
CRITIQUE À LA MANIÈRE
D’EUX
Ça qu’il raconte,
le Ferdinand, dans son roman ! Ça ! Son séjour
à Sigmaringen avec toute sa clique de capitulards !
Ah, sacré spectacle !... Imaginez un peu : onze cents
réfugiés, condamnés à mort par
contumace, qui se rongent les sangs dans un patelin perdu
du Saint-Empire !... Et le Céline aux premières
loges !... Avec la palette et le pinceau !... Un peu
qu’y a matière à roman !... Ah, la belle
bande de troufions ! Faut voir ça, comment qu’il
les dézingue, notre plumitif en chef !... hop !...
tous à la casserole ! Et le Pétain ! Et le
Bichelonne ! Et le Laval ! Tous !... Raillés !...
Charriés !...Traînés sur la claie !...
Flagellés au knout !... Ensevelis vifs sous tombereaux
d’ordures !
…Tous !... Qu’elle
lui serve enfin à quelque chose, sa verve de
pamphlétaire, au Père Destouches !… Au
vitriol, le portrait de famille ! Là ! bien noirci le
daguerréotype !... Photo souvenir : Céline
derrière l’objectif…attention, le
p’tit oiseau…. et vlan, v’là pour ta
poire !...Vrai ! toute une tapée de peigne-culs saisie
sur le vif ! D’un Otto Abetz (ancien ambassadeur
d’Allemagne à Paris) complètement
hystérique à un DeBrinon (secrétaire
d’Etat du gouvernement Laval) raide dépressif en
passant par un Pétain gâteux et ramollo…
ça envoie sec ! … caricature à pleins tubes
! … Louis-Ferdinand Céline : Honoré Daumier
des Lettres !
Vous salivez ?... Minute
! …Y a mieux ! Car plus encore que le mordant des
portraits, que le piquant de la caricature, ce qui
esbroufe, ce qui bluffe, ce qui coupe le sifflard,
c’est le grotesque de la situation !...Saint-Elme !
Allez pas croire une seule seconde que tous ces prestigieux
pensionnaires, exilés volontaires, glorieux
expatriés, se fassent le moindre souci pour leur sort
!... Que non, m’sieur ! Même vaincus,
archivaincus, encerclés de toutes parts et dos au mur,
ils continuent de batifoler et s’entêtent à
croire en une hypothétique victoire de
l’Allemagne ! Les zigs mettent un point
d’honneur à jouer la farce jusqu’au bout :
au bord du précipice, ils poussent encore la
chansonnette !... Maréchal, nous voilà !... Pas
banal !... Et ça chante, et ça danse, et ça
folâtre, et ça fait bamboche, et ça soupe
tous les soirs dans de l’argenterie de Saxe
(même si, rationnement oblige, ça bâfre du
rutabaga six jours sur sept !)… pendant que les
bombes de la R.A.F pleuvent dans le jardin du château
de Sigmaringen et que l’armée du
Général Leclerc s’approche à toute
biture !
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http://littexpress.over-blog.net/article-25787961.html