
Résumé:
Jacques le fataliste et son maître
est un roman de Denis Diderot dont l'écriture s'étend
de 1765 jusqu'à la mort de ce dernier en 1784. L'oeuvre
paraît initialement en feuilleton dans la Correspondance
littéraire de Melchior Grimm entre 1778 et 1780. Ce roman
complexe, déconcertant et déroutant par ses
digressions – sans doute l'Ĺ“uvre de Diderot la plus
commentée – puise pour partie son inspiration dans
Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme de Laurence
Sterne, paru quelques années auparavant (1759-1763).
Multipliant les rebondissements invraisemblables, tout comme
les interruptions oiseuses d’un narrateur exaspérant
et omniprésent, le roman raille ouvertement les poncifs du
genre, quitte à irriter son lecteur dont les attentes
semblent sans cesse déçues. L'incipit du roman,
demeuré célèbre, donne le ton : « Comment
s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme
tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous
importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus
prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait
où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne
disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que
tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était
écrit là-haut. » Jacques, qui voyage en
compagnie de son maître, possède une
personnalité plus complexe que celle d'un valet de
comédie : il est bavard mais aussi quelque peu philosophe
(« une espèce de philosophe ») et c'est à
son fatalisme qu'il doit son surnom. Pour combler
l’ennui, il promet à son maître de lui raconter
la suite de ses aventures amoureuses. Mais ce récit est
sans cesse interrompu soit par son maître, soit par des
interventions ou incidents extérieurs, soit par des «
histoires » autonomes venant se substituer au récit
initial, soit par des discussions entre le narrateur et le
lecteur.