
Résumé:
Roth traite ici des thèmes qui lui sont devenus
familiers. À nouveau, le corps, la maladie, la
Situé dans les environs de Newark, à
l'époque où éclate une terrible
épidémie de polio, Némésis décrit
avec précision le jeu des circonstances sur nos vies.
Pendant l'été 1944, Bucky Cantor, un jeune homme de
vingt-trois ans, vigoureux, doté d'un grand sens du
devoir, anime et dirige un terrain de jeu. Lanceur de
javelot, haltérophile, il a honte de ne pas avoir pris
part à la guerre aux côtés de ses
contemporains en raison de sa mauvaise vue. Tandis que la
maladie provoque des ravages parmi les enfants qui jouent sur
le terrain, Roth nous fait sentir chaque parcelle
d'émotion que peut susciter une telle
calamité : peur, panique, colère,
perplexité, souffrance et peine. Des rues de Newark au
camp de vacances rudimentaire, haut dans les Poconos,
Némésis dépeint avec tendresse le sort
réservé aux enfants, le glissement de Cantor dans
la tragédie personnelle et les effets terribles que
produit une épidémie de polio sur la vie d'une
communauté de Newark, étroitement organisée
autour de la famille.Présentation de l'éditeur
diminution physique, la mort. La poliomyélite,
horrible maladie qu’on ne savait pas vaincre et qui
tuait les enfants ou les paralysait, sévit dans le
quartier italien de Newark. Nous sommes en 1944,
c’est-à-dire en pleine guerre, alors que
beaucoup de jeunes hommes sont sur le front, en Europe.
L’épidémie gagne le quartier juif et la
psychose se répand. Les efforts pour enrayer la maladie
sont
vains et les familles, affolées, en arrivent
à prendre des précautions excessives, quand ce
n’est pas à
rejeter l’étranger, celui qu’on va
d’emblée soupçonner et exclure. Bucky Cantor,
un professeur de
gymnastique, juif lui aussi, élevé,
après que sa mère est morte et que son père a
été arrêté pour vol,
par un grand-père rigoureux et hautement moral,
est le héros de la communauté (il a repoussé
à lui
seul une bande de voyous italiens venus «
répandre la polio »).
La suite du roman retrace l’histoire malheureuse
de cet homme scrupuleux, responsable, d’une
intelligence limitée, qui va prendre sur lui la
responsabilité du mal. Si ce n’est pas un dieu
ignoble
qui est l’auteur de ces crimes – le dieu
qui a tué sa mère et lui a donné pour
père un voleur – alors
c’est peut-être lui, Bucky Cantor, qui
portait en germe, sans le savoir, la maladie et qui l’a
répandue
autour de lui. En effet, pour suivre sa fiancée,
il a abandonné ses élèves malades – un
abandon qu’il
ne pourra se pardonner – puis découvert
qu’il avait lui-même contracté la polio.
D’un endroit à
l’autre, il l’a transmise aux enfants, ses
protégés, qui meurent comme des mouches. « Je
voulais
aider les gosses et les rendre forts, au lieu de cela,
je leur ai fait un mal irréparable ». Enfin, il
tombe
malade. A la fin de l’ouvrage, il n’est
plus qu’un homme bourrelé de culpabilité et
de remords, qui a
renoncé à tout, vit seul et pauvrement et,
surtout, qui a perdu l’usage de son corps merveilleux
– avec lui, avec la perte de sa mobilité, toute
confiance en soi. L’image finale est une sorte
d’hymne au corps, à sa force, à sa
beauté quand il est jeune : le lancer de javelot tel que
le pratiquait Cantor. L’histoire est racontée avec
la force coutumière de Roth et le livre se lit
d’un trait.Quatrième de couverture